Quand la presse parle des sucres: des approches différentes

.... ou l'éducation à l'équilibre alimentaire

Les articles consacrés aux incidences de la consommation de sucres, visibles ou cachés, à travers notre alimentation ne se comptent plus. Entre ce qui est répété à longueur de temps, les convictions et les articles qui apportent une plus-value, tout se trouve tout se côtoie, selon ce que l'on cherche.

Nous collectionneurs, glycophiles et périglycophiles, ne perdons pas de vue que ce qui nous intéresse n'est pas le contenu mais le contenant: le vêtement du sucre. Nous ne sommes généralement que des consommateurs modérés voire même "repentis" ou abstinents.

Par conséquent, si une publication peut tendre vers une réflexion, un reportage ou  autre, elle pourra être ajoutée ici.

Connaitre le sucre pour gérer sa consommation
Issu de la revue initiatives mutualistes MGEN des Pays de la Loire n°10 (édition Sarthe) - septembre 2019. N°ISSN : 1277-3905.
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Et mon sucre, tu l’aimes mon sucre ?

Source : https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-de-l-avocat-gourmet-eric-morain/la-chronique-de-l-avocat-gourmet-eric-morain-du-dimanche-14-novembre-2021

Des sulfites, ça, on savait. Du lait, de la colle de poisson, des œufs ou plein de trucs avec des noms avec des Z, des H ou des Y, on le sait moins mais il y a de plus en plus de sucre dans le vin.

 

Du sucre un peu, beaucoup, passionnément dans le vin ? 

On a parfois tendance à oublier que tout part d’un fruit, souvent gorgé de soleil, qu’on a vu d’abord fleurir puis qu’on a laissé mûrir lentement et parfois même longtemps pour en faire un grain noble, tellement noble que l’emblème du Sauternes par exemple est une couronne d’or, excusez du peu.

Mais si l’on souhaite faire ce type de vins il faut alors se conformer à la réglementation européenne qui fixe les teneurs en sucre de nos vins dits demi-sec, moelleux ou encore de nos vins doux. Tines ? Le doux et le sucre sont donc jumeaux, d’ailleurs n’existe-t-il pas un mot doux et un peu suranné quand on dit mon petit canard en sucre ?

Alors soldat sucre, au rapport ! 

- On vous dira sec, dry ou secco si la teneur en sucre ne dépasse pas 4 grammes par litre ; 

- On vous dira demi-sec si la teneur en sucre est situé entre 4 grammes et 12 grammes par litre ;

- On vous dira moelleux, demi dulce ou encore amabile si vous ne dépassez pas 45 grammes par litre ; 

- Et enfin on vous dira doux, si doux… lorsque vous dépasserez le seuil de 45 grammes par litre. 

Si le terme « liquoreux » n’est pas prévu par le Règlement de l’Union européenne, l’usage veut que vins liquoreux et vins doux soient équivalents en terme de taux de sucre. 

Et tout ceci ne concerne que les vins non mousseux puisque c’est une autre réglementation sucre qui s’applique aux champagnes, mousseux et autres bulles, qui vont, elles aussi, de l’extra-brut nature au doux en passant par le fameux brut (12 grammes de teneur en sucre maximum par litre).

Vous savez François-Régis, je l’ai déjà dit à ce micro, que le vin est le seul produit alimentaire humain ou animal sur l’étiquette duquel ne figure pas la composition. Et c’est la raison pour laquelle le lobby de lutte contre l’obésité à Bruxelles lutte et lutte encore pour un meilleur étiquetage de nos vins, notamment en ce qui concerne le taux de sucre. Interrogez n’importe qui dans la rue il aura déjà du mal à vous dire quel vin contient généralement plus de sucre ne serait-ce qu’entre un vin blanc, un vin rouge ou un vin pétillant.

C’est que l’étiquette, une fois de plus, ne vous en dira rien 

Le taux de sucre ne fait pas partie des mentions obligatoires pour les vins non pétillants. Et en même temps on aime tellement ça : chez ma grand-mère le vin liquoreux se dégustait dans un petit verre évasé et joliment gravé. On le servait de manière intemporelle et c’était justement le seul vin que l’on avait le droit de goûter à un âge pourtant interdit. 

Enserré dans des codes bien trop étriqués, délaissé par les jeunes buveurs au point que les ventes chutent et les exploitations périclitent (38 domaines actuellement en vente rien qu’en Sauternais) il est temps de casser les codes – et les codes, ça me connait ! Casser les codes c’était justement ce qu’avait tenté Alain Dejean, rebelle parmi les rebelles - celui qui a goûté un jour sa cuvée Oxydatif peut en témoigner -, il était sorti de l’appellation pour faire un vin à l’ancienne mais à bientôt 70 ans il va jeter l’éponge : trop de charges, trop de travail, trop de changement climatique. 

Casser les codes c’est aussi ce que vient de faire le château Rieussec, 1er Grand Cru Classé de Sauternes, la crème de la crème ! Une révolte ? Non, Sire Sauternes, une Révolution ! Nouvelle bouteille entièrement repensée de A à Z - on a mis la photo sur le site internet de l’émission : adieu la bouteille bordelaise, bienvenue à la forme dite Bold ! On pourrait rétorquer que c’est cher – oui, ça l’est -, qu’il n’y a là que du marketing – un peu plus de comm’ en français et moins en anglais ne nuirait pas - mais moi j’y vois aussi et surtout du sens : enfin une bouteille 85% recyclable, enfin la fin des caisses en bois fabriquées en Espagne dans des conditions écologiques et sociales douteuses : moins lourd, moins de bilan carbone. 

Un bouchon unique et repositionnable ce qui permet de conserver son vin ouvert au moins un mois, un vin en conversion bio, une étiquette pyrogravée ce qui permet de l’utiliser ensuite comme une élégante carafe. Bref, un objet hype pour remettre le Sauternes au milieu de nos habitudes parce que ça faisait au moins mille ans qu’on avait pas accolé le mot hype à celui de Sauternes. Un vin, que le directeur d’exploitation Jean de Roquefeuil et la propriétaire du château, Saskia de Rothschild que je suis allé rencontrer, ont voulu délibérément de son temps en ces temps qui changent, un vin qu’on peut boire jeune sans attendre et sans chichi. Juste pour le plaisir, casser les codes pour retrouver le code plaisir en somme.

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